Menhir

Jean Guillemet parle de la campagne

Il s’agit d’un montage documentaire sur Jean Guillemet, l’Espérance de Vie, qui a été projetée dans trois cinémas locaux – à Josselin, à Locminé et à Grand Champ.

Le protagoniste principal, Jean Guillemet à l’age de 76 ans, raconte ses sentiments sur les changements de société depuis le Remembrement, le départ des gens en ville, que les commerces et écoles autrefois existant à la campagne n’existent plus, que la vie était plus simple, mais plus dur.

Jean Guillemet dépeint sa vision des relations entre les gens qui étaient plus simples dans le passé, les gens étaient plus en contact direct, plus ouverts, et nous incite à réfléchir sur sa maxime «c’est la motivation qui compte».

Les choses simples de la vie

Nous avons suivi Jean Guillemet sur 2 ans à travers sa campagne, 2 fêtes dans sa cabane faite main, une visite d’un menhir avec présent 4 générations dont la plus âgée une dame de 96 ans et sa construction d’un puits traditionnel sur son terrain, symbole de la simplicité de la vie autrefois.

Néanmoins, il nous ouvre sur une campagne rude ou on allait à l’école à pied à travers 3 km de champs, on habitait dans des maisons plutôt isolées, on lavait son linge au lavoir et on allait chercher son pain cuit dans un four communal au village.

Dépendance à l’égard des réseaux

jean guillemet dénonce la surproduction

Il nous invite à nous demander si la vie est meilleure aujourd’hui, étant devenu dépendant des réseaux d’électricité et d’eau. « Nous n’avions pas d’argent, mais nous n’en avions pas besoin », dit-il parce que même si nous n’avions pas grand-chose, nous n’avions pas non plus les tentations auxquelles nous sommes si souvent confrontés aujourd’hui.

Jean Guillemet ne suggère pas vraiment un retour au passé, mais il remet en question la logique de certaines des pratiques courantes d’aujourd’hui. La surproduction l’a fait réagir « si on avait trop, on mettait du gazole et on brûlait tout. » De quoi se poser des questions dans un monde où certains manquent encore.

Un cycliste bien connu

Ses amis décrivent l’endurance physique et la force dont Jean Guillemet a fait preuve en tant que cycliste passionné lorsqu’il a remporté tant de courses sur un simple vélo. Il est même allé en Allemagne et en Hongrie à vélo. Il nous dit à sa manière énigmatique que ce n’est pas le vélo qui compte, mais la personne. Ils nous parlent aussi de l’accident majeur qu’il a eu lorsqu’une voiture qu’il réparait s’est effondrée sur la tête, et pourtant il s’est rétabli. Il semble que cette expérience ait une sorte d’élément spirituel.

Plein de vie et de force, ses amis et connaissances nous font part de leur amitié et de leur admiration pour un homme qui nous convainc de la force de la volonté, du désir, de la persévérance et de la force de caractère. Il dit : « Si vous voulez vraiment quelque chose, vous pouvez le faire »

Jean Guillemet a le désir de transmettre son message à une nouvelle génération. Il reconnait les avancées en qualité de vie, tout en rappelant qu’il n’a pas toujours été ainsi, que certains ont fait avec peu, mais malgré les difficultés, trouvaient joie et bonheur dans les choses simples, à commencer par le rire et le partage humain.

Comprendre le thème du montage documentaire

Ce montage documentaire a été un véritable défi pour nous, car en l’absence de budget, nous avons filmé sur toutes sortes de caméras différentes, y compris deux iPhones et deux caméras DV.

Le montage était un vrai défi, car nous avons enregistré 22 heures de film sans scénario, dans divers lieux. Mais pour terminer le montage documentaire, nous avons été obligés de passer au crible minutieusement les images, en attribuant le sujet et le sens afin de construire une chronologie raisonnable.

Mais sans budget, les travaux ne peuvent être réalisés que si, comme le dirait Jean Guillemet lui-même : “Vous pouvez le faire si vous le voulez”. La qualité du produit final n’est pas parfaite. Ce serait bien d’avoir eu accès à de grandes caméras et à un enregistrement sonore de meilleure qualité. Mais malgré cela, Jean Guillemet nous invite à réfléchir à la qualité de la vie et à certaines de nos valeurs fondamentales.

Pour moi, certains de ces thèmes ont été source de nombreuses réflexions et restent contemporains dans un monde en constante évolution. Il n’est pas sage de romancer un passé physiquement difficile et manquant de confort, mais nous sommes certainement invités à penser au présent, à analyser la société d’aujourd’hui, nos valeurs, et à distinguer ce qui est important et ce qui ne l’est pas.

Leçons pour la société

Pour résumer, les nombreux thèmes abordés par Jean Guillemet : la société, l’écologie, la simplicité, le passage du temps, la société de consommation, l’industrialisation et le progrès. Mais il reste un léger sentiment de regret que de telles communautés de campagne se sont brisées, même si ceux qui sont partis sont partis à la recherche d’une vie meilleure.

Ce film a aussi un thème nettement breton, puisqu’il décrit les changements de société et de technologie qui sont arrivés dans l’ouest de la France beaucoup plus tard que dans les grandes villes.

Et peut-être ça nous ouvre sur une réflexion sur l’avenir. Comment vont évoluer les choses dans les prochaines 50 ans ? Que nous réserve l’avenir et comment nos valeurs vont-elles changer ? Nos relations s’améliorent-elles, construisons-nous des ponts dans la communauté ou allons-nous vers une époque où les gens sont de plus en plus éloignés ? Ces questions s’adressent à nous, à nos dirigeants et à nos enseignants : quelles sont nos valeurs chères, et que nous voulons promouvoir, et où allons-nous investir dans le développement de notre société ?

Transcription du texte du film

Sa cabane

Ça, c’est après mon accident, je l’ai eu en 2000… en 1999, pour montrer à mes petits-enfants, au monde qu’on peut toujours faire quelque chose, c’est-à-dire qu’aide-toi, le ciel t’aidera, c’est un peu ma philosophie, je te dis, les gars qui fument je les amène ici, dans huit jours, ils fument plus.

L’ambition

La vie c’est ça c’est être bien avec ces voisins, avec tout le monde mais ne pas chercher l’impossible.

Plus on a de l’ambition, aujourd’hui plus on a des difficultés, forcément. Des gens qui n’ont eu pas trop d’ambition, il est très heureux. Il faut savoir avancer dans la vie, mais sans marcher sur les autres. Oui, il faut trouver sa place, mais il faut un juste milieu.

La société de consommation

La surconsommation qui nous pousse à acheter des choses que tu ne t’en sers pas. Les gens qui ne peuvent pas suivre vont changer de vélo, il dit que ça vient de mon vélo, je dis non, ça ne vient pas de ton vélo. Il y a des gens doués, des gens faibles, forts, doués, surdoués, je dis qu’il y a même des surdoués partout. Il n’y a pas que dans le vélo. Celui qui pense… qu’il ne peut pas le faire, qu’il reste chez lui. Je lui dis qu’il ne vient pas.

Ça revient au système positif. Malgré tous les divorces qu’il y a maintenant et tout qu’il y a des gens qui restent toute leur vie ensemble. C’est un peu revenir en arrière si on veut par rapport à la société qui vit maintenant ? Et pourtant, c’est pour cette raison, je voudrais montrer aux jeunes, aux enfants d’une école, ça va leur donner pas de l’espoir, mais un peu de bonheur peut-être.

On me prend toujours pour un type qui n’est pas normal tout ça. On devrait apprendre à la jeunesse enfin premièrement d’obéir. Un gamin qui désobéit n’a pas la conscience tranquille. C’est aussi à nous de leur apprendre. C’est aussi à nous de leur apprendre. Si on ne leur apprend pas… Tout à fait.

Je vois que Sarkozy veut supprimer des postes dans l’enseignement, ce ne sont pas les postes dans l’enseignant qu’il faudrait supprimer, c’est dans la gendarmerie. S’il y avait des gars comme moi, il y aura plus de gendarmes, il y aura plus de prison.

C’est ici qu’il y eut des raves partis dans le bois là. Quand tu avais les petits enfants et bien toutes les voitures s’arrêtaient pour laisser passer les vélos pour laisser passer les gosses. C’est bien, pourtant, tout le monde râle après les raveurs.

L’attitude envers les autres

J’ai eu le chef de police de Newport, un mètre cinquante, et un infirmier psychiatrique. Enfin qui ? Tiens, le jour que le médecin est venu ici avec le chef de police de Newport, on va voir une maison là-bas, il y a plus de carreaux, il n’y a plus rien. Puis je l’avais mis des billes de bois pour faire du feu qui dépassait dehors. Alors le chef de police, il dit, mais c’est quand même curieux qu’il dise, « chez vous, il n’y a rien de cassé, il n’y a rien de fait ». Les vélos, on avait pris des vélos, ils les avaient laissés dans le chemin là-bas. Il me dit « vous n’avez pas peur de voleur ni rien » ? Je lui dis non, je n’ai pas peur de rien. Je dis des raveurs, quand ils me voient passer. Ils se rangent et puis… [rigole] alors. Une fois, ils avaient pris mon trépied, puis la grande marmite, mais ils avaient laissé là-bas, puis peut-être une bouteille de rouge, ou ça ne me gênait pas, ça ne ruine personne. J’ai retrouvé la poêle, le trépied et la cocotte. Ils auraient trouvé la cave, ils n’auraient pas pris la marmite.

Ils viennent t’agacer et il [Jean] va retourner la situation et va venir en aide à la personne, il va lui donner quelque chose, la personne va être contente. Elle va s’en aller comme ça.

L‘éducation

Dans les villes peut-être, il y a un manque de liberté toujours, et puis la concentration des gens. C’est par ce qu’ils ont été délaissé dans les écoles. On les foutait à la porte. Le fil conducteur de l’éducation… il s’est rompu assez tôt dans leur adolescence et enfin de compte. Ils sont livrés à eux-mêmes et donc ils ne choisissent pas la bonne voie – mais ça ils ne savent pas. C’est ça, ils ne le savent pas., si on ne leur a pas dit.

On devrait avoir plus de professeurs et moins d’élèves avec chaque prof.

Les valeurs

Il faut être honnête déjà d’une part il faut être honnête, il ne faut pas voler ses parents, parce que les gamins, ils peuvent voler ses parents, ses voisins. Il ne faut pas bruler les voitures des autres.

Un agriculteur, son gamin, est chez lui pendant les vacances scolaires. Il va travailler en ville pendant les vacances scolaires. Il va s’emmerder avec les parents s’ils ne l’ont pas mis dans un centre aéré ou autre, il est tout seul, voilà.

Grandir à la campagne

On était une grande famille, onze enfants, je crois. Et ils ont vécu comme nous tous. Moi, je suis de la campagne, aussi, très chichement, ha ! Ça a évolué dans les années clinquantes, ah oui, après la guerre.

Moi, quand je suis né, comme Jean, on n’avait pas l’électricité, on n’avait pas de service d’eau. Après ça… est arrivé le matériel, surtout dans la campagne. On travaillait avec les chevaux, les bœufs Après les tracteurs sont arrivés, ça s’est modernisé. C’est parti à une vitesse terrible, allez à l’école. Par exemple, on avait quatre ou cinq kilomètres à pied. Même ma femme à pied, il n’y avait pas de car, il n’y avait rien donc on y allait comme ça. Il fallait aller à la messe le dimanche, on allait à la communion. On ne déjeunait même pas, on allait à jeun. On ne peut pas revenir en arrière, non le moderne… On a quand même la télévision qui nous donne beaucoup d’informations, non seulement sur la France, mais sur le monde entier.

Les jeunes ont beaucoup à méditer, là. Ils veulent tout avoir, tout. Ils veulent tout avoir en fin de compte, ils veulent l’argent, le bonheur, ils veulent…

La démocratie

Parce qu’on vote rarement la même chose. Jamais je ne dis pour qui je vote moi. J’aurais plutôt voté deux fois qu’aucune. Toutes les élections, je vote, mais jamais, je dirai que celui-là est meilleur qu’un autre. Jamais ! J’ai été délégué syndical à un hôpital. J’ai passé deux jours à l’ile Berder, en réunion à l’hôpital.

J’ai été délégué syndical du personnel. Après, il fallait élire les délégués. Je passais, mais il manquait toujours une voix. Et puis le directeur s’était aperçu, il dit, « Monsieur Guillemet, vous ne votez pas, vous ? » Je dis, non, ce n’est pas à moi de me choisir. Jamais je ne voterai pour moi, c’est aux autres de choisir ce qu’ils veulent. Bon, il me dit, c’est vous qui êtes délégué.
On ne doit pas voter pour soi. Le président de la République ne doit pas voter pour lui. C’est logique.

Ils se croient des maitres de tous. Ils croient que c’est qu’eux qui savent.

They are elected to do what we want, but they actually do what will keep them where they are. Because they are self-seeking at the end of the day.

Certains oui, je pense que certains, c’est pour le pouvoir personnel, certains, parce qu’ils étaient issus d’une famille de nobles.

Doesn’t the freedom of one individual end at the limit of freedom of another? Yes, that’s why… society cannot be a truly free thing. You’ve got to give up something.

Le pouvoir public

C’est tellement rentré dans les mœurs chez eux, ils se croient au pouvoir à vie, et même de génération en génération. On dit que les pays sont très pauvres et que les gens sont très riches : ceux qui sont à la tête. Ce sont des gens qui sont tellement attirés par le pouvoir et les largesses du pouvoir oui, mais largesse pour eux.

Jean Guillemet coureur cycliste

Donc, je connais, j’ai connu Jean moi d’abord à l’hôpital quand il s’occupait de l’entretien, la distribution des repas dans les services. Comme j’aimais bien le vélo, je n’ai pas pratiqué en compétition, mais j’aimais bien le vélo et lui, c’était un fanatique.
Ces souvenirs quand il courait avec Jacques Empilait, Raymond Poullidor, entre autres.

J’étais avec Morio Morio, mais il marchait.

Oui, Jean-Claude, oui, il y avait Gugen Morvan de Lorient, Ehm, Merthier, Germain et puis l’autre, Go de Combourg et Dafnette de Mofaxrlaix, j’ai fait Stella, j’ai fait les Birs 33 et Terreaux. Étienne de Clanche, il était avec moi. Il a cramé, j’ai entendu, je l’ai attendu, on est reparti devant vous et je l’ai lâché sans m’en apercevoir.
Le tour de Normandie, à tes dix-huit ans ? Oui, je n’avais pas dix-huit ans parce qu’on avait des Muguets, c’était au mois de mai à cette époque-là. Le premier mai. À quarante-quatre ans, j’ai gagné Missilac, mais entretemps.
Tu as quitté la circulation ? Enfin, j’ai toujours travaillé, on était obligé, j’avais une grande famille et on n’avait pas de pognon.

Il y a moins en moins de bénévoles… C’est dur d’avoir des bénévoles, hein ? – ça décroche un peu Tu es d’accord ? Tout à fait. Quand on s’aperçoit qu’après les arrivées, ils dépensent plus d’argent que pour les coureurs. Vous voyez à Guégans combien ça coute ? Le repas après ? Pour tous les bénévoles. Ça coute plus cher que la course elle-même. Les gens sont démoralisés, dégoutés. Pourquoi faire tant de pub alors que ça coute plus cher que la course ? Ça veut dire que le prix des repas et autres – c’est trop cher.
Si tu n’as pas de partenaire, tu ne peux pas te permettre de faire une course fédérale comme les Boucles de Guégan, Manche Atlantique ou le circuit du Morbihan. Ça implique l’obligation de passer par les partenaires depuis le Conseil Général et des partenaires privés qui vont donner un coup de main pour que cette course se maintienne. Et eux, en contrepartie, par contre, ce n’est pas trop mauvais non plus parce que l’argent qu’ils vont donner, ils retrouvent cet argent au travers de la pub locale, journal, télé. Et puis la publicité parlée. Celui qui est là, on va en parler. Celui qui n’est pas là, on l’oublie.

La fête de la course de vélo

C’est mon ouvrier agricole ! Ah ! Il a le cœur sous la main.

Tu vois ici, on joue aux boules Ah, c’est un boulodrome ? Oui, je vois, les premières boules sont arrivées [musique d’accordéon].

Parce que c’est un extraterrestre pour moi, il ne boit jamais. Quand on roulait avec lui, il courait à pied sur le bord de la route pour ramasser les champignons. C’est dingue quand même ? Et puis il ne se posait pas de questions quoi. Lui, il n’a pas de bidon, un vieux vélo, il roulait même en vélo de femme, tu te rappelles ?

Il s’était fait mal, je ne sais pas, aux cervicales.

En vélo de femme, il nous suivait. Avec Jean, combien de kilomètres as-tu faits ? Dis donc, des milliers de kilomètres. Je ne sais pas combien. Ses milliers de kilomètres. Il n’a même pas besoin d’eau. Il n’a besoin de rien lui, il a la santé, quoi. Il est épais comme un fil de fer en plus, hein ? Il voulait le dire, mais il a couru avec des professionnels Poulidor en côtier.

Il avait fait deuxième à la mi-lune à Pontivy, c’était une supère épreuve tiens Jean, c’est quelqu’un de formidable avec qui alors -avec le petit

On est à un site atypique quoi ! Spécial, enfin original. Deux personnes qui se présentent ici. J’ai passé l’après-midi presque avec eux, je lui dis où c’est qu’il y avait les deux menhirs. À Pierre, je lui ai dit ici, ça serait un endroit idéal pour faire un film.

À notre retour, le vingt-six mai, deux-mille-douze, nous allons marquer notre présence dans ce site merveilleux…

Ne cherchez plus, j’ai peut-être trouvé quelqu’un pour faire un film. Trois ou quatre jours après, je reçois un coup de téléphone – non ! Tu lui OK.

Faire un film

J’ai retrouvé Mr Guillemet à vélo, mais il n’a pas dit un film sur ça et ça. Si, je fais confiance au cinéaste.

Comme dans un entonnoir moi. Non, tu ne sais pas que je suis mort, je suis parti dans l’entonnoir. Et puis avez-vous voulu réparer le moteur de…

Les accidents

Ça, c’était le premier, c’est celui dont je me souvienne plus. Il avait mis sur des crics : il avait sans doute mal calé les roues. Les crics avaient glissé et la voiture s’était affaissée sur lui. Il fallait vraiment qu’il soit fort pour résister, en particulier au niveau du crâne, parce que la voiture était tombée dessus. Il devait être coincé sous la voiture, il avait une force incroyable. Les pompiers l’avaient sorti de là. Ils l’avaient ensuite emmené aux urgences de l’hôpital de Plouharnel.

Ils ne m’avaient fait le… à Plouharmel et puis, direction pont Chailloux. J’arrive à Pont Chailloux, deux médecins m’attendaient. Et devant les dégâts constatés de radio. Il me dit que vous est opéré ce soir, enfin demain matin à deux heures. Tu étais conscient toi ? Oui… Il avait été transféré sur Rennes où il a passé quand même un bon mois, enfin la moitié du temps en coma pratiquement.
Alors finalement on me dit qu’on ne peut pas vous opérer et je suis resté quinze jours à Pont Chailloux quand même sans opération. Sans opération, sans rien.

Puis je lui ai dit à la petite fille, si tu viens Noémie, je mettrai la fontaine sur ton nom. Alors la fille, elle vient me voir avec ses deux gosses, Noémie. Tiens, c’est la fontaine que je fais à son nom. Elle me dit Noémie, si tu veux aller faire pipi, il y a un water à côté de la chambre… à côté du lit à pépé. J’ai entendu ça. Comme j’avais le feu dans le corps, dans la nuit, je dis qu’il y a des waters là. Du coup, j’ai réussi à tirer deux ou trois chasses d’eau tout sur le corps, partout de l’eau froide [une cloche sonne].

Ah, Mr Guillemet, vous n’entendez pas les cloches ? Les cloches, oh, c’est curieux quand même qu’il entendait une demi-journée avec un son, dong-dong. Et qu’il était seul à entendre, il en avait parlé au médecin, il en avait parlé à son voisin.

Le feu était parti du corps, je ne sais pas comment. Son psychisme antérieur, enfin son… Je ne sais pas s’il était croyant pas, je ne sais pas. Je dis si, vous ici… Ah ! Il me dit que ça vient de la chapelle du bas, l’aumônier a dû oublier d’éteindre ses cloches. Parce qu’ici, il y a que des croyants, qu’il me dit, c’est dans les petites communes, tout le monde a payé une messe au curé, puis il avait oublié d’éteindre ses cloches.

Par ce que lorsque je vais dans un des menhirs, ça avant, il y a une résonance qui ramène la voix après. J’aimerai ça parce que lorsque je suis revenu à moi, j’ai entendu des cloches [musique].

La Fontaine de Noémie

Donc, elle est montée récemment là ? Oui, c’est pour ça que je fais une autre de l’autre côté parce qu’avec la pluie quoi la source est plus haute. D’accord.

-Elle donne beaucoup moins d’eau, mais pour moi, elle est plus haute.
-Tu as trouvé comment. Avec ton pendule ?

– Oui, même sans pendule, je peux trouver de l’eau. Tu vois avec une ficelle. C’est pour dire qu’ici, il va tourner à l’envers [il tourne la pendule]. Alors ça veut dire quoi ça ? Ça veut dire qu’il y a deux sources d’eau, une qui vient de là, l’autre de là, qui se croise. Mais elle est profonde. Elle est à huit mètres.
Moi, je peux faire ça aussi ? Oui. Il disait que ça tourne dans le sens inverse ici ? C’est vrai, c’est qu’il dit et oui, elle tourne avec vous – oui.

– Et bien les sources, elles sont profondes à 3 m. Ça ne marche pas, hein ? Regardez bien le fil. Vous allez voir que quand il y aura de l’eau, le fil va gigoter un peu. Je suis magnétiseur maintenant. Quand je serai en retraite, je serai magnétiseur. C’est du boulot, hein ? – Oui, c’est du boulot.

-J’ai trouvé des haches là-dedans. J’ai trouvé tout, une croix en pierre.
-Alors à l’entrée de la fontaine, il y aura son nom dessus.
-Ah la vedette ! Bon, je suis allé voir la fontaine… parce que je l’ai nommé Noémie 2004.

Noémie, je lui ai dit qu’il va peut-être faire le tour du monde, son film, si c’est un grand film, pourquoi pas ? Comme je te dis, tu es le plus fort des plus fort pour avoir suivi ton idée avec Noémie. Je te dis, je vais te faire la fontaine.
Et je lui ai dit que la fontaine va peut-être faire le tour du monde, en blaguant, et tu pourras écrire à ton pépé philosophe, que tu as trouvé une fontaine.

Vivre simplement

C’est mon rêve souvent, je l’ai dit. J’ai une maison comme bien d’autres, mais j’aimerais vivre, c’est marrant, dans une pièce, avoir ma cheminée, avoir une table, et puis le lit à côté. À mon rêve, oui, mais je n’arriverai pas. – Comme dans le temps ?

– Oui, Le compte vendait leur ferme, tout ça, ils étaient en somme des métayers dans les fermes. Et mes grands-parents avaient tout acheté avec eux Kermaro, Kerivallan faisait partie, même chez Désir.

Je ne sais pas si ça appartenait. C’étaient des bricoles de quatre ou cinq hectares ou plus, mais ils avaient trois, je crois bien. Il y avait deux, oui, quatre. Quatre bricoles comme ça. Il y avait cinq hectares. Ils louaient combien ? deux, trois, huit ou sept hectares – en plus

– Non, en tout, huit hectares, quelque chose comme ça ? C’était déjà une grande ferme.
Une grande ferme ? Ça suffisait pour une famille de cinq enfants et le couple, ah oui. On vivait bien avec ça ? Eh bien, on faisait à la maison, hein. Chez nous, toujours quatre, cinq, on était tous à la maison. Et vous travailliez ? À la ferme.  

Les enfants restaient, on ne parlait pas de chômage à l’époque.

Il est temps que ça s’arrête, pour moi. Il est temps que l’évolution s’arrête, parce qu’autrement, c’est la fin du monde. Eh bien, c’est une avancée quand même, mais maintenant, il y a des avions, il y a tout. On va vers la Lune ou sur Mars.

Tu veux aller partir huit jours au Maroc, tu ne vas pas payer plus cher que passer huit jours ici. Donc les gens s’instruisent quand même, ils connaissent mieux le monde. On a plus les moyens de se libérer qu’avant. Les vacances ont été inventées pour cela.

Celui qui a rejoint les sommets et les profondeurs, c’est parce qu’il connait mieux la vie que les autres. Il a en somme tout vu dans la vie.

Est-ce que la vie est meilleure aujourd’hui ? Je ne sais pas ? Meilleur ? Je ne sais pas.
On ne pouvait pas se permettre d’aller chez le boucher tous les jours quand même, une fois par semaine, je ne sais pas pour un pot-au-feu. On tuait un cochon, on était dans le charnier et puis on mangeait la soupe de cochon un bout de lard après avec des légumes.

– Et aujourd’hui ? – Aujourd’hui, les gens sont peu, pas heureux parce qu’ils ont des besoins, de plus en plus de besoins et du mal à les assouvir. Notre plaisir était d’aller conduire le tracteur, quand on avait un. Ça avait du bon, l’époque quand même. On n’a plus cette notion de plaisir. Oui, la simplicité que les gens âgés ont encore parfois. Nous les gamins, on s’amusait bien à monter dans les arbres, à courir, à danser ici, à l’accordéon. Le dimanche, on se réunissait, on grimpait tout là et là, on s’amusait, on ne peut pas comparer.

L’argent

Une visite, à l’époque, on amène un petit cadeau, je ne sais pas, une fleur. Ils veulent l’argent. C’est que l’argent qui compte. On leur offre un livre, ben non. On leur donne dix euros, ce n’est pas assez. Cette notion d’argent a pris trop d’importance.
Mais non, c’est le truc de maintenant. On dit l’argent, si tu en as ça attire l’argent, tu vas en avoir plus. Et quand tu arrives à en avoir, tu crées des entreprises, tu emploies aussi du monde.
On vous parle d’économie, on vous parle de salaire, le bonheur est… On ne parle plus de choses, des choses simples.

La Spéculation

Maintenant, c’est la spéculation. Voilà ! Quand on voit par exemple les années précédentes, il n’y a pas eu de bonnes récoltes en Europe de l’Est, en URSS, en Russie. Là, certains ont acheté des milliers de tonnes de céréales en France et dans les pays où ça avait bien fonctionné pour pouvoir les stocker et attendre que ce soit la pénurie pour pouvoir vendre plus cher le plus cher possible.
C’est vrai, c’est un peu malhonnête, c’est un peu trop profiter des… sur le malheur des autres.
J’ai entendu, ça y est, c’est la pénurie de foin. Il n’y a pas de pénurie du tout.

Ce n’est pas sur Rennes ou je ne sais pas ils ont profité pour vendre des hectares d’Achères comme ça, mais à des prix fous. C’est pour dire quand même j’en profite. Parce qu’il n’y en a pas pour vendre à l’enchère, profiter des gens qui n’ont pas de fourrage. C’était encore le riche qui pouvait mettre les enchères, pour avoir du foin. Ce n’était pas encore un qui n’avait pas trop d’argent. Alors ce n’est pas aider celui qui a le plus besoin finalement. Quand les coopératives se sont formées, les cultivateurs étaient un peu contre, mais ils l’ont voulu au départ.

Alors pour l’agriculteur de l’époque ce n’était pas la simplicité, ou de la joie, c’était dur labeur ? Ah oui, labeur, oui, mais on prenait son temps quand même. On pouvait s’assoir sur le bord du talus en train de discuter avec son collègue. Maintenant, ils sont dans leur tracteur et… Ce sont des concurrents maintenant c’est plus pareil hein ?

-Le blé, tout ça se faisait en commun.
-Eh oui, les battages, les machines, tout, ça pour vingt fermes. Bats ton fléau à neuf heures le matin. Comme casse-croûte, c’était une soupe au lait.  

Les agriculteurs, ils sont tous… ils se tirent la bourre s’il y a une parcelle qui est à vendre, je peux vous dire que l’ambiance est…

Mais je trouvais que c’était bien. On avait comme ça des corvées de patates, on avait la cocotte au champ pour faire le casse-croute dans la gamelle. Je ne sais pas, je trouvais ça moi bien et bon. Quand on allait faire les battages, c’était pareil.
La foire, Dame ! La bolée ? Alors la moitié venait à la maison avec leur cuite la moitié, presque tout le monde.

Qu’est-ce qui a fait que les gens partent de la ferme ? Oui, c’est vrai que les mecs, ils ne restaient pas. Ça a évolué, on avait envie aussi de voir ce qui se passait ailleurs. Le jeune, il partait, c’était pour travailler, pour avoir un peu d’argent aussi, de l’argent de poche, pour pouvoir faire ce qu’il veut.

– Des vêtements, s’habiller un peu mieux ! Tout a changé partout. Je suis fils d’agriculteurs. À l’époque, on vivait très bien avec de petites fermes. On vivotait, mais on n’avait pas d’ambition non plus de… aujourd’hui, au niveau de la société, tout est calculé pour…
toujours le plus grand possible, le plus gros possible. Il y a une raréfaction de tout ce qui est… petit.
Plus on a de l’ambition aujourd’hui, plus on a des difficultés forcément. Les gens qui n’ont pas trop d’ambition, il est très heureux. Il faut savoir avancer dans la vie, mais sans marcher sur les autres. Il faut trouver sa place. Il faut un juste milieu.
On vivrait dans de grands immeubles. À mon avis, la politique aujourd’hui fait ça aussi. C’est-à-dire à tout regrouper. Les agriculteurs font de grandes fermes, des magasins font de grands magasins, les hôpitaux, et bien, on va faire de grands hôpitaux. Les écoles sont sans doute des grandes écoles.

La générosité

Maman me disait souvent, je ne suis pas riche, mais oh là, donne-leur ça. Elle avait assez pitié des gens.  Si je me rappelle, il y avait bien plus pauvres que nous dans le bas là. Une femme qui crevait de faim, elle venait d’accoucher. Elle était allée la voir, pour les autres gosses. Elle était allée la voir, en envoyant un litre de lait. Oh qu’elle me dit moi, je donne, je ne serai pas plus pauvre pour la fin d’année, elle disait « il ne faut pas être comme ça »

La Campagne et la ville

Les gens qui viennent à la campagne, ce sont plutôt des gens de la ville qui veulent retrouver ce genre… Des grandes villes, je parle, qui veulent effectivement trouver certaines valeurs de simplicité, de nature. Je pense que dans quelques années, les gens reviendront aussi à des valeurs de simplicité, dans des mouvements un peu de… qui se réunissent quelquefois dans les campagnes à faire des fêtes, quelque chose comme ça.

La solidarité

On laisse plus quelqu’un mourir de faim, on leur donne. On donne de l’argent, mais à l’époque, on n’avait rien. Il y avait des trainards qui mendiaient leur pain pour ne pas travailler. Il passait dans la maison en bas. « Tu n’aurais pas un bout de pain ou un bol de soupe ? » J’ai connu ça quand j’étais gamin.

Oui, si les parents avaient une corvée à faire faire, ils travaillaient un petit peu pour manger. Et ils mangeaient, ils pouvaient dormir dans le tas de foin, dans la paille. Maintenant, je pense que ça se ferait plus. Non, même qu’il crèverait de faim, comme on dit, il voudrait même plus travailler. Et non, il ne voudra pas non.

Non, ce n’est pas dans les mœurs. Il préfère faire la manche en ville, oui, voilà. Aller s’asseoir sur un trottoir, puis un gosse avec, ou quelque chose, puis faire la manche, j’ai vu ça.

C’est un peu pour faire voir à la jeunesse d’aujourd’hui comment vivaient leurs grands-parents ou leurs arrière-grands-parents. Pour montrer au monde qu’on n’était pas si riche que ça en France. Qu’il y avait… il y avait de tout. Ça existait sans subvention, et ça existe toujours sans subvention.

Le village

Ici, il y avait un boulanger. Là tiens, je venais chercher du pain. Là de plus loin là-bas à Kerivalain, j’allais chercher du pain. C’est la première maison en montant à gauche.
Le Priol. Il était coureur cycliste aussi. Après, il était marchand de bestiaux. Il est rendu à Loqueltas.

Il y avait deux bouchers, il y avait café, épicerie, tout. Il y avait une école.
Qu’est-ce qui s’est passé alors pour que tout ça disparaisse ?
Par ce qu’il n’y avait plus d’un emploi. Qu’est-ce qui va faire bucheron ? Le bois est invendable.

Il n’y a plus personne pour garder les vaches, il y en a plus de vaches dans les bois. Dix ou vingt vaches, le bois serait toujours nettoyé, il n’y aurait pas besoin d’emmener les bulldozers ou les tracteurs quand il y a du feu.
Par ce qu’auparavant, il y avait des talus qui empêchaient l’eau de s’en aller directement. C’était moins stressant pour les gens. Parce que maintenant, ils ont irrigué, c’est-à-dire quand il y a trop d’eau, l’eau retourne dans un étang et si c’est trop sec, ils ont des systèmes d’humidité, clac. La machine se met en automatique, puis c’est arrosé. Si on abat trop d’arbres, si on fait trop de culture, puisque maintenant, on peut faire avec des systèmes qu’on a, on pourrait avoir des veaux et des vaches à gogo. C’est malheureux de le dire, mais…
Les poules, c’est pareil, ils peuvent pondre… Bon, est-ce que c’est une bonne chose ? … ils ont mis tout à la poubelle.  Alors que les gens n’ont jamais vécu aussi bien sans tomate, sans salade, sans… Quand il y a trop de pommes de terre ou trop de machines, ils arrosent de gazole et puis on n’en parle plus. Ils ont des subventions disant qu’il y a tant de tonnes qui n’ont pas été vendues. C’est tout.

Je dis qu’il vaudrait mieux, as comme Sarkozy, vous travaillerez plus pour gagner plus, non, c’est de travailler moins et travailler plus intelligemment. Ça serait beaucoup plus logique pour rentrer dans la logique de la nature et de tout.

Sur place, une maison dans les bois

On les appelait Les Briennes, en breton, c’est Brienne. Vous allez voir, il y a une vieille ferme, les murs d’une vieille maison par là. C’est tombé en ruine. Voilà, c’est la maison Proberte, c’est ça ? Proberte, c’est un Preberte sans doute Pro, c’est Pré et Berthe, c’est le nom du propriétaire, je ne sais pas. Et le nom des deux enfants qui étaient malades, c’était Brien ici. Ils avaient deux vaches. Il y en a eu d’autres.
Les Briens ont été aussi saisis à Keridan. L’huissier voulait nous vendre toutes les vaches et tout. Il ne devait sans doute pas payer, je ne sais pas. Le marchand de vaches est arrivé avec son camion. Tous les gens de ce côté-ci sont réunis pour empêcher cette vente. Et ils ont pu conserver une vache ou deux. Et puis il y avait des enfants, je ne sais pas ce que c’est devenu. Après, le marchand de vaches a été pris pour un voleur. Par ici aussi, il y avait trois enfants, c’étaient des chrétiens cent pour cent, même à l’au-delà.

Je ne vois pas ce qu’ils peuvent faire avec tant d’argent. Je ne sais pas si ça peut le rendre plus heureux ou pas. C’est bien jusqu’à une certaine limite. C’est-à-dire que les salaires devraient être basés sur un à dix par exemple.

Mais c’est plus basé sur des salaires d’un à dix, il y a des gens qui gagnent des milliards par jour. Un glaude ne va pas gagner ça dans sa vie. Ce n’est quand même pas logique, parce que celui qui gagne des milliards il gagne avec l’argent des autres Ce n’est pas avec son argent. C’est ça qui est… c’est presque du vol.

Les associations sont conséquences d’un manquement

Pourquoi veulent-ils tant d’associations, l’État ? C’est pour se dégager… Ils ont trouvé un excellent système là. Ils disent que ça fait partie des associations, ça. Il se dégage de ces responsabilités-là. Si le monde était juste, vous croyez qu’il y aurait une association pour les pauvres, comme Coluche ? Pourquoi est-ce qu’il y a tant de monde bénévole pour leur servir des repas ?

Par exemple, avant la guerre, quand l’État était propriétaire de tout, il y avait de la pauvreté ? Oui, mais tout le monde était pauvre ! Je veux dire, il n’y avait pas des… Le médecin venait voir un malade, il ne se faisait pas payer les trois quarts du temps. Il n’y avait pas d’argent, il y avait un petit morceau de beurre ou…

L’histoire est assez simple, il n’y avait pas de service d’eau. Il fallait que les gens s’abreuvent, emmener de l’eau aux bêtes. Ils avaient des fontaines. Les bêtes venaient par là ? C’est ça ? Ici, on n’est qu’à un kilomètre ou deux de la route.
Ça a évolué depuis les remembrements. Il y avait cinq ou six talus, il n’y a plus rien. Et c’est un gros tracteur qui…

À l’hôpital où j’ai travaillé…

J’avais 18 personnes qui travaillaient avec moi à ramasser les pommes de terre, parce que tous ces gens étaient des ex-ouvriers agricoles. Comme ils étaient sans famille, la plupart d’entre eux c’était le paysan qui les hébergeait, qui les nourrissait. Et quand ils ont besoin d’eux, ils se sont retrouvés à l’hospice.

L’hospice des agriculteurs

Perrine Sanson a fondé l’hôpital à Locminé ? Comment dirais-je, pour les bonnes sœurs ? Elle est née ici.

Avant l’eau courante

Ici, il y avait un puits pour fournir la famille en eau, alors que maintenant, nous dépendons entièrement de la SAUR. Regarde les toilettes ! Aujourd’hui, on nous dirait que ça ne respecte pas les normes.

Il n’y avait pas encore l’électricité dans le café et bien, c’est ça qui me manquait le plus. Je ne l’ai pas eu tout de suite, j’avais tellement l’habitude de prendre la brouette, d’aller au lavoir. On dit, c’est drôle d’avoir la machine. Oh, je ne voulais pas la machine à laver.

Le pain au village

Il chauffait ça la veille avec de l’ajonc, du bois d’ajonc. Voilà, elle disait que ça faisait de grosses flambées. Et du coup ça préchauffait bien le four. Il faisait même deux jours avant, je crois. Ici, en fait, c’était un chemin creux. Les voisines m’ont expliqué qu’elles allaient à l’école par là, elles rejoignaient en fait Grand Champ. Ça coupait en fait, elles allaient à travers champ au lieu de prendre la route. C’était le chemin creux qui continuait dans le champ. On voit le clocher, attendez ! De la fenêtre de la cuisine, je vois bien. Ça leur faisait gagner quand même peut-être deux kilomètres.

Les menhirs

Parce qu’ils ne sont pas venus seuls, je ne pense pas. Que les menhirs viennent seuls comme ça. Et puis ça, ce sont des gens intelligents pour les mettre droit. Il y a eu des tremblements de terre, il y a eu tout sur les menhirs, sur les mégalithes. Ils ont culbuté.

Ici, il y avait des échos. Lorsque je gardais les vaches, il y avait de grands échos qu’on entendait quelquefois une heure après, enfin une minute après, si on était au loin. Mais pour ça, il fallait que le temps joue un grand rôle dans les échos – c’est curieux, mais…

– C’étaient des échos de quoi ? Si une personne parlait et s’il y avait une autre, c’est comme si on parlait tous les deux. Quatre ou cinq kilomètres parfois. Ça ne s’est peut-être pas arrêté, peut-être qu’on nous entend ici. [Sifflement des oiseaux]

Huit hectares, une grande ferme

Dans le là-bas, j’ai deux hectares, j’ai des châtaigniers. Il y avait huit hectares à partager, j’avais un cheval. Dans la commune du Ghenno, c’est moi qui ai acheté le premier tracteur dans la commune. J’avais la ferme la plus grande, le plus d’hectares. Plus facile ?

Vous étiez contents d’avoir le tracteur ? J’ai agrandi une ferme qui était plus petite, alors je suis parti dans une plus grande.

Une dame de cent ans

Parce que mon beau-frère a connu ces gens-là qu’allaient à l’école à Colpo. Ça serait il y a quatre-vingts ans déjà. Ils avaient un peu de terre, deux ou trois vaches. C’était ça, mais lui ce qu’il faisait je ne sais pas.

On vivait avec peu de choses. Du lait, on élevait quelques cochons. Alors c’était du cochon, la viande, quelques poules, mais on achetait quand même du sucre, il y en avait quand même.
C’était cultivé tout là, c’était tout en prairie. Ce n’étaient pas des bois ? Non C’était des prairies qu’il y avait là.
Vous faites plus votre jardin quand même ? Non, je l’ai fait bêcher Ah, oui. Je l’ai fait bêcher, je fais couper ma pelouse. Il y a des bonnes volontés, hein. Je suis né en quatorze, en avril 1914.

On était quatre du mois d’avril. Je suis née dans une ferme. Alors, je suis venu faire ma communion parce qu’il n’y avait pas le droit de la faire en dehors de sa commune de naissance. Alors, on m’a emmené en pension chez les bonnes sœurs parce qu’on avait quatre kilomètres à faire. Alors, je suis revenu après ma communion pour finir mes grandes études à Josselin. Je suis revenu chez ma marraine.
Des études de quoi ? Mes études ? Ah, vous savez, j’en ai là-dedans : le certificat d’études.

– Certificat d’études ? Je l’ai raté, parce que je n’ai pas passé. Vous n’étiez pas assez bosseuse ? Je l’aurais certainement eu, parce que je faisais beaucoup de fautes. Ah bon ? Dans le calcul, ça allait. Je savais bien compter des sous.

Sur les menhirs – l’UNESCO

Alors, les enfants, messieurs, mesdames. Sur ce site préhistorique où avant nous, il y avait du monde, ils ont érigé ces menhirs, les mégalithes et les dolmens. À notre retour le 26 mai 2012, quelques peut-être trois-mille ans après, nous allons marquer notre présence dans ce site merveilleux, avec les enfants et les centenaires. Cela peut représenter le monde entier d’aujourd’hui, qu’il soit américain, européen, indien. Puisque le départ par les bébés jusqu’à l’extrême (et n’est qu’en 2012). Pas beaucoup de gens vivent plus que cent ans à l’heure actuelle [pas de dialogue].

Nous espérons que le centre culturel de Bretagne prenne acte d’un site aussi merveilleux, et que l’UNESCO qui a déjà parlé il y a 15 jours dans les journaux, cent-dix-huit pays, seront sans doute propriétaire de ces lieux. Alors on en profite avant. Et je vous remercie.


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